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qu’il fallait que j’eusse été enlevé ou arrêté sans qu’on le sût.

Vaumale s’était bien gardé de le dire ; il avait joué un jeu à se faire une affaire fort sérieuse, comme je le dirai dans la suite. Il avoit dit au comte de Montemar qu’il me ferait embarquer sans qu’on le sût. Celui-ci, charmé à cause de l’aventure qui était arrivée à sa fille, de faire peine aux gens d’église, avait donné l’ordre pour m’arrêter, si on pouvait m’obliger par finesse à sortir de la ville, pour qu’on n’en sut rien. Le projet de Vaumale était de me remettre à un capitaine de vaisseau, qui aurait répondu de moi jusqu’en France ; il aurait réussi, si le ciel ne m’eût inspiré un heureux artifice. J’avais demandé la permission d’écrire à ces deux capitaines que j’avais rencontrés en entrant en Espagne ; on me la refusa constamment. Je voulus voir Vaumale ; on me dit qu’il était parti pour Girone. Je dis que je voulais me confesser, et qu’on me fît venir un prêtre. À ce mot de prêtre, la sentinelle s’inclina ; le sergent de garde à notre tour courut chez le commandant, et revint me dire qu’on allait m’amener un confesseur.

Une heure après quelle fut ma surprise lorsque je vis entrer mon chevalier de l’inqui-