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vu fort jeune ; j’ai été ami de monsieur votre père, et je serai charmé de pouvoir vous rendre tous les services qui dépendront de moi. Comme celui qui me parlait avait l’air d’un homme au-dessus du commun, je tâchai de répondre à sa politesse ; il me proposa d’entrer chez lui. J’étais auprès de sa maison ; j’acceptai ses offres avec plaisir ; il était parfaitement bien logé. Lorsque nous fûmes assis, mon nom, me dit-il, vous sera moins inconnu que ma figure ; je m’appelle Vaumale ; j’ai en Provence mon frère aîné qui se nomme Valcroissant. À ce mot, je me levai pour l’embrasser : je connaissais sa famille et son frère particulièrement. Lorsque je lui eus témoigné le plaisir que j’avais de le voir, il m’apprit qu’ayant eu une affaire en France dans son régiment, il avait été obligé de passer depuis quelques années en Espagne ; qu’il était capitaine dans les Gardes Valonnes ; qu’ainsi son exil de France avait été la cause de sa fortune.

Il me demanda ensuite quel sujet m’amenait à Barcelone ; je lui en dis la raison ; il la savait déjà ; il l’avait apprise à l’intendance : il ignorait seulement la condition de Sylvie ; et, comme il me questionnait beaucoup sur