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dans un hôpital. François d’Assise se vautrait dans la neige comme un cheval de hussard dans la paille. Ses disciples aujourd’hui se piquent le corps avec des pointes de fer, vont à demi-nus, et sont aussi sales et aussi crasseux que les faquirs, aussi inutiles à la société, aussi ignorans, aussi fous et aussi révérés du bas-peuple. Peut-on trouver de ressemblance plus parfaite ? En voici une autre qui l’est autant. Elle est entre ces mêmes faquirs, et les mystiques disciples de Molinos. À tout ce qu’on a écrit de ces ermites indiens, dit l’Auteur que j’ai déjà cité plusieurs fois, nous ajouterons, qu’on voit des femmes dévotes leur venir baiser les parties du corps les plus cachées, sans que pour cela ils détournent les yeux, sans que leur modestie s’en dérange, et sans la moindre sensibilité de part et d’autre. Ils affectent même, en recevant ces marques d’un respect extravagant, une espèce d’extase, une quiétude d’esprit.

» Ai-je tort mon cher Monceca, de soutenir qu’on retrouve dans les Indes ce quiétisme, que Molinos prêcha au milieu de Rome, et que tant de prêtres nazaréens ont adopté ? Lorsque je pense à ces béates allant baiser