Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.

possible la superstition, et d’inspirer de l’amour pour les sciences, de la vénération pour les grands hommes, de l’horreur pour les fourbes et les imposteurs, et du respect pour les princes et les magistrats. »

Cet aveu est très-louable, sans doute ; mais nous ne voyons pas que le marquis d’Argens ait employé, pour parvenir à son but, cette logique saine, cette pureté de langage, ce goût qui ont rendu immortels les écrits de Bayle, l’écrivain, sans contredit, qui a le plus avancé la raison, sans l’avoir exposée à revenir sur ses pas pour l’avoir trop tôt avancée.

Croit-on par exemple, qu’il y ait un grand jugement et beaucoup de vérité dans cette comparaison que le Juif Jacob Brito fait des mœurs indiennes et italiennes, entre lesquelles il trouve de la ressemblance ?

« Je reviens, mon cher Monceca à la ressemblance des Indiens et des Italiens. Dans le royaume de Décan, les Nairos ont le droit d’exiger les dernières faveurs des filles et des femmes dont la beauté les a charmés. Les maris se font un honneur d’être cocufiés par des gens d’un rang aussi élevé. À Rome, les cardinaux et les prélats, et dans le reste de l’Italie les moines et les prêtres, n’ont point réduit en