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LVII
SUR L’EMPEREUR JULIEN.

les Chrêtiens. Je reponds à cela, que les Epicuriens ne disoient point, qu’il falloit renverser les Temples, détruire la Religion de l’État, pendant l’exercice de laquelle Rome avoit triomphé de l’Univers, & qui passoit dans l’esprit de ceux qui l’exerçoient pour la plus ancienne du monde. La Religion de Julien n’avoit rien à craindre des Dogmes des Epicuriens ; mais il falloit qu’elle fut perdue entièrement, si le Christianisme subsistoit, comme cela est arrivé.

On peut dire que Julien regardoit les differentes Sectes des Philosophes, qui n’admettoient pas les principaux dogmes de la Religion payenne, comme on regarde en Angleterre les Non-conformistes. L’État souffre toutes les differentes Communions, parcequ’elles ne prêchent point la destruction de la dominante. Mais il n’accorde pas les mêmes privileges à la Romaine, parcequ’une de ses opinions favorites est l’intolerance. Le Christianisme étoit precisement pour Julien ce qu’est le Catholicisme pour l’Angleterre.

C’est une chose bien déplorable de voir, que dès que les Chrétiens n’ont plus eu rien craindre des Payens, ils ont commencé non seulement à persécuter vivement ces mêmes Payens, dont ils avoient si fort condamné l’intolérance, mais ils se sont déchirés entre eux de la maniere la plus cruelle. On peut établir deux faits, très-aisés à démontrer évidemment : premièrement que les Chrétiens ont été les plus cruels persécuteurs, dès le moment qu’ils ont pu

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