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LIII
SUR L'EMPEREUR JULIEN.

coffre, où mon Pere tenoit ce qu’il avoit de plus précieux. Mettés y la main jusques au fond, lui repondirent les Deputés. Alors, comme ils le virent courbé, ils l’assommerent à coups de hache. Clovis fit semblablement assassiner Rignomeres, Roitelet du Mans, & beaucoup d’autres Princes, ses Parents, afin de s’emparer de leurs terres & de leurs tresors ; & pour savoir finement, s’il ne restoit point encore quelqu’un de sa race dont il ne se pût délivrer, il étoit accoutumé de dire, qu’il s’estimoit malheureux d’être demeuré parmi les étrangers, & sans aucun parent qui l’assistât au besoin. Aussi à vrai dire ce n’était pas sans raison quoique ce ne fût pas sa pensée, qu’il se plaignoit ainsi. »

Voilà quels ont été les premiers Souverains, qui ont embrassé nôtre sainte Religion. Dieu a sans doute voulu prouver aux hommes, qu’il pouvoit, pour établir les choses les plus saintes & les plus grandes, se servir également de tous les sujets, de ceux mêmes qui paroissoient les moins propres. C’est ainsi que pour nous montrer les profondeurs de ses jugemens, il permet que Julien, Prince rempli de vertus, s’égare & tombe dans la voie de perdition ; tandis que Constantin & Clovis, souillés des plus grands crimes, embrassent une religion dans laquelle ils peuvent obtenir un salut auquel Julien ne peut jamais espérer. C’est ici qu’il faut appliquer les paroles de S. Augustin sur la prédestination. « O mon

Dieu


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