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ton doré, & comme ils se plaignoient de sa tromperie, il les renvoia bien rudement. Après cela il se saisit de Curaire & de son fils prenant pour sujet qu’ils étoient demeurés neutres durant la guerre qu’il avoit eue contre Sigarius & les fit raser pour leur ôter la qualité de Princes. Alors le fils, consolant le pere sur cet affront ; ces branches, lui dit-il, que l’on taille sur des arbres si verts & si pleins de seve, repousseront, s’il plait à Dieu, au dommage de celui qui les fait couper. Mais les cellules du Monastere, où ils étoient enfermés, ne furent pas sourdes, & rapportérent ce discours à Clovis, qui fit couper les arbres par le pied. Sigibert, Prince de Cologne, qui l’avoit si genereusement servi dans toutes ses affaires, fut surpris après les autres par un étrange artifice. Le Roi suborna un flateur, pour dire ces mots à Cloderic son fils ; Ton Pere Sigibert est appésanti de vieillesse, & d’une blessure à la cuisse, qui le fait clocher (il l’avoit reçue à la journée de Tolbiac contre les Allemans en secourant Clovis) s’il venoit à décéder, je suis assuré de bonne part, que le Roi Clovis te rendroit amiablement le Roiaume. Sur cette créance le fils, trompé de la convoitise de régner, fit assassiner son Pere, en donne avis au Roi & s’offre à lui envoyer telle part, qui lui plairoit avoir de ses tresors. Comme il vit donc les Députés du Roi, arrivés exprès pour recevoir cet or : Voilà, leur dit-il en leur montrant un grand

coffre,