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XLVII
SUR L’EMPEREUR JULIEN

specter la croiant fille. Aussi, lorsqu’il eut reconnu le mensonge d’Abraham, il lui en fit des reproches. Je demande s’il a été permis à Abraham, le Pere de tous les Croyans, de mentir pour conserver sa vie, même en risquant de faire commettre un adultere à sa femme, s’il ne doit pas l’être à un Prince, destiné par sa naissance à monter sur le Trone dont on vouloit le priver, & s’il ne peut pas user d’une dissimulation, qui non seulement ne nuit à personne mais qui empêche un Empereur de commettre un crime énorme, en faisant mourir injustement son Neveu, & son successeur naturel.

On dira peut-être que la vie de Julien ne couroit aucun risque, & qu’il n’avoit pas besoin de dissimuler, jusqu’au point d’embrasser l’état ecclésiastique ; pour repondre à cette objection, je me contenterai de placer ici, ce que dit l’Historien de la vie de Julien, au sujet de la mort de Gallus, frere de ce Prince, que l’Empereur Constance avoit fait mourir par une trahison horrible. On verra si Julien n’avoit pas à apprehender le même sort. « Constance, dit l’Historien, avoit commencé de porter envie à Gallus, dès qu’il l’eut fait Cesar. Cette basse jalousie avoit été augmentée par quelques avantages, que le César remporta sur les Perses qui étoient en possession de vaincre Constance, toujours malheureux dans les guerres étrangeres. Les Eunuques & les flatteurs, qui faisoient de cet Empereur leur jouet & leur esclave aiant connu son foible, n’omettoient

rien