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core aux Missionaires. On les trouve partout dans les Ecrits de ces hommes vertueux, qui se dévouent malgré les perils les plus grands à la propagation de la religion. Les dogmes obscurs et impénétrables du Christianisme sont des mistères, qu’il a plu à Dieu de cacher aux yeux des foibles mortels ; les opinions incompréhensibles du Paganisme ne nous paroissent telles que par leur absurdité. Supposons donc un Chinois, à qui l’on offre ces deux simboles de foi.

« Les Payens raisonnables croient, qu’il y a un Dieu suprême, auteur, conservateur de toutes les choses, qui a sous ses ordres un certain nombre de Dieux subalternes. Les Chrétiens croient qu’il y a un seul Dieu, mais ils disent que ce Dieu est divisé en trois personnes. Ces trois personnes sont réellement distinctes, elles sont Dieu toutes les trois, autant l’une que l’autre, et cependant elles ne sont qu’un Dieu. Le Chinois dit d’abord : voila ce que je ne puis comprendre, ce qui heurte absolument ma raison. Le Chretien repond, cela est vrai, mais il faut se soumettre : en matiere de foi on doit croire & ne pas raisonner. Si vous compreniés une chose ce ne seroit pas un mistere. On peut parler ainsi, replique le Chinois, dans toutes les religions : c’est un argument commun au Payen, au Turc, au Chrétien.

Les Payens disent, que Jupiter a enfanté Minerve dans son cerveau : les Chretiens soutien-

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