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XXXIX
SUR L’EMPEREUR JULIEN.

de la grace, par conséquent de la foi, qui ne peut subsister sans elle, pouvoit-il connoître, et même penser que Dieu, pour confondre les sages du monde, avoit fait choix des choses folles de ce monde, pour établir la verité ? Si l’on dit, que la raison suffisoit à Julien, s’il eut voulu s’en servir pour connoître son erreur ; je reponds que cela est faux soit par la religion, soit par la philosophie. L’Apôtre nous dit expressement :[1] Il est ecrit j’abolirai la sagesse des sages, & j’aneantirai l’intelligence des hommes intelligens. Comment sans la grace et sans la foi Julien, quelque prudence humaine qu’il eut, pouvoit-il découvrir son erreur ? Le raisonnement, ou si l’on veut la philosophie payenne dont Julien faisoit profession, ne pouvoit encore servir qu’à l’égarer, au lieu de le ramener au bon chemin. Qu’il me soit permis de faire ici un parallele abregé des principaux dogmes du Christianisme & du Paganisme. La verité est toujours pure, elle ne craint point d’être mise vis-à-vis de l’imposture ; ainsi nôtre sainte religion n’a rien à apprehender d’être comparée avec le Paganisme. D’ailleurs les objections, que nous allons opposer aux dogmes des Chrétiens, ne sont que celles que les Payens formoient contre les Peres de l’Église, & que les Idolâtres opposent tous les jours en-

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  1. Scriptum est enim perdam sapientiam sapientum, & prudentum prudentiam abolebo. Paul. Epist. I. ad Corinth. cap.1
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