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XXXV
SUR L’EMPEREUR JULIEN.

Peres de l’Église étaient persuadés, que des êtres, qu’ils considéroient comme des intelligences celestes, avoient quitté le Ciel pour jouir des faveurs d’une foible mortelle. Il faut être impartial dans toutes les choses ; & je ne vois pas, à propos de quoi, les Peres des trois premiers siècles feront faire, par des anges, ce qu’ils croiront n’avoir pu être fait par les demi-Dieux du Paganisme.

Il me seroit aisé, si je ne craignais de donner trop d’étendue à cette Dissertation, de montrer évidemment. que tous les plus grands Génies, dans les premiers siècles du Christianisme, ont cru les plus grandes absurdités, sur plusieurs dogmes essentiels, qui ont été éclaircis après Julien.

Origene parloit de Dieu, comme en parloient les Pythagoriciens, il le concevoit composé d’un feu subtil, d’une matiere éthérée ; il donnoit le gouvernement de l’Univers à des anges, qui en repondoient, & qui devoient être chatiés au jour du jugement, s’ils n’avoient pas bien rempli leur charge. C’étoit-là l’opinion des demi-Dieux & des Nymphes des payens.

Papius, Theophile, Tatien, Justin, Clement d’Alexandrie ; enfin tous les anciens Peres prétendirent, qu’aprés le jugement dernier, les justes vivroient encore mille ans dans Ierusalem, qu’ils y feroient des enfans, & y passeroient une vie fortunée. Cette opinion étoit si commune, chés les anciens Peres, que le savant Mr. du Pin l’appelle la revérie

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