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Dans le cours de cette année, et à raison des préoccupations de la France à l’égard de cette question, la République fut tenue sur un pied de guerre et prête à repousser une invasion, si elle était tentée. Par la même raison, un agent fut envoyé à Bogota, afin de proposer au gouvernement de la Colombie une alliance défensive avec Haïti : il en reçut un refus qui le porta à réclamer le montant des objets de guerre fournis en 1816 à Bolivar, lequel fut payé.

Au vote des dernières lois du code civil haïtien se joignit celui d’une loi qui réglait la nature de toutes les propriétés existantes dans les départemens de l’Est, sur lesquelles l’État avait des droits par suite de la suppression des couvons et autres établissemens ecclésiastiques. Cette loi régla enfin le sort du clergé de cette partie à la tête duquel se trouvait l’archevêque de Santo-Domingo. En même temps, la cour de Rome autorisa ce prélat à prendre le titre d’archevêque d’Haïti, qui lui avait été offert par le Président de la République.

Un essai d’immigration fut tenté et exécuté dans la même année, afin d’augmenter la population haïtienne par tous les hommes libres de race africaine habitant les États-Unis. Mais, commencé sous d’heureux auspices, cette opération échoua par le fait même de ces hommes : il n’en resta que fort peu en Haïti.

Le retour des agents envoyés en France porta Boyer à convoquer à la capitale tous les officiers généraux, afin de leur donner connaissance des négociations infructueusement suivies depuis trois ans pour la reconnaissance de l’indépendance nationale, et de convenir avec eux de toutes les mesures nécessaires à sa défense, si elle venait à être attaquée par la France.