Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs reproches, pour avoir souscrit à cet acte royal. En France, plus particulièrement, les libéraux de l’Opposition et les journaux de cette nuance d’opinion, qui parlaient, qui publiaient souvent en faveur d’Haïti, mécontens dé ce succès de l’administration de M. de Villèle, contrariés dans leurs vues toutes françaises, nous ont jeté la pierre également, comme s’ils oubliaient que la charte de 1814 avait été octroyée à la France en vertu du principe de la légitimité, du droit divin, et sous la pression des baïonnettes étrangères, — sans parler de tant d’autres actes que subirent les Français, jusqu’à ce qu’enfin une grande révolution leur eût permis de protester énergiquement contre toutes les prétentions surannées de la branche aînée des Bourbons.

Quant aux Haïtiens, il était bien naturel qu’ils fussent émus et plus étonnés de la conduite du chef de leur gouvernement, qui supporta seul la responsabilité de l’acceptation de l’ordonnance, 1° parce qu’il avait provoqué un tel acte du roi de France, quoiqu’il le désirât rédigé en d’autres termes ; 2° parce qu’il ne sut pas s’entourer, en cette circonstance, de tous les moyens en son pouvoir pour faire partager réellement sa responsabilité, en ménageant l’amour, propre de ses collaborateurs, en examinant avec eux la difficulté qui se présentait afin d’obtenir leur adhésion franchement et librement. C’est l’excessive vanité de Boyer qui le porta alors à s’écarter de l’exemple que Pétion lui avait tracé en deux fois, à l’égard des agents français, en s’abstenant d’entendre M. de Mackau, en présence au moins des secrétaires d’État appelés à concourir avec lui à la résolution qu’il prit, parce qu’il voulait s’en attribuer tout le mérite.

Comment ! il a deux conférences particulières avec cet officier ; il tient en main la copie de l’ordonnance dont il