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Ce discours fut suivi des cris de : Vive Charles X ! Vive ( trois fois) l’indépendance d’Haïti ! Vive le Président d’Haïti ! Vive le baron de Mackau !

Après son discours, le président du Sénat désigna les sénateurs Daumec, Pitre et Rouanez pour se rendre auprès du Président d’Haïti, lui remettre l’ordonnance royale et lui annoncer son entérinement. Le cortége se mit aussitôt en marche, en suivant le même ordre qu’auparavant[1]. Le contre-amiral Panayoty vint recevoir et complimenter M. de Mackau et les deux amiraux, au pied du grand escalier du palais de la présidence, et il les introduisit dans la salle des généraux[2]. Le Président d’Haïti s’y tenait assis et ayant à ses côtés le secrétaire d’Etat, le grand-juge et le secrétaire général, tous en grand costume de leurs dignités. M. de Mackau et les deux amiraux furent placés sur des siéges en face d’eux, et les autres membres du cortége comme ils l’étaient au Sénat. Le sénateur Daumec, au nom de ce corps, adressa quelques paroles au Président d’Haïti et lui remit l’ordonnance royale. Le Président prononça alors le discours suivant :

« En acceptant solennellement l’ordonnance de Sa Majesté Charles X, qui reconnaît d’une manière formelle l’indépendance pleine et entière du gouvernement d’Haïti, qu’il est doux pour mon cœur de voir mettre le sceau à l’émancipation d’un peuple digne, par son courage et sa détermination, des destinées que la Providence lui réservait ;

  1. La musique militaire, jouant à tout moment pendant la marche du cortége, fit entendre les airs des chants nationaux de la France révolutionnaire, même le Ca-ira de 1793 : ce qui parut assez singulier à un « gentilhomme de la chambre du roi. » M. de Mackau en ayant fait ensuite l’observation au général Inginac, celui-ci répondit : « Soyez indulgent, car nos musiciens ne connaissent pas d’autres airs ; et puis, vous savez que la République d’Haïti est une fille de la République française ? »
  2. L’amiral Panayoty avait cessé de commander l’arrondissement de Saint-Jean, où ils s’ennuyait de ne plus voir la mer. En 1824, je passai à Les-Matas, où il me dit cela.