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enregistrement : ainsi fut entériné cet acte[1]. Le président répondit alors au discours de M. de Mackau, par les paroles suivantes :


xxx« Monsieur le Baron,

» Nous recevons avec vénération l’ordonnance de Sa Majesté Très-Chrétienne, par laquelle la récognition de l’indépendance d’Haïti est formellement déclarée, et dont vous avez été chargé de nous présenter l’acte solennel.

» Il appartenait à un descendant de la noble et antique race des Bourbons, de mettre le sceau au grand œuvre de notre régénération. Après de si funestes et de si cruelles calamités, Charles X, justement Roi Très-Chrétien, vient enfin de reconnaître le droit acquis par le peuple haïtien, et appelle cette jeune nation à prendre rang parmi les peuples anciens.

» Rendons grâce à l’Eternel !

» Gloire à l’auguste monarque qui, dédaignant des lauriers qui seraient souillés de sang, a préféré ceindre son front majestueux de l’olivier de la paix[2] !

» Réunissons nos vœux pour bénir son bien-aimé fils, dont la Renommée, en publiant les vertus, a fait retentir sa voix jusqu’à nous.

» Félicitons M. le baron de Mackau d’avoir si dignement rempli son honorable mission : le nom de son souverain, celui du Dauphin de France et le sien, seront inscrits en traits ineffaçables dans les fastes d’Haïti. »

  1. On a vu que dix sénateurs seulement firent partie du conseil privé tenu au palais de la présidence ; mais on avait appelé sans délai à la capitale ceux qui habitaient les lieux les plus voisins, et il s’en trouva treize à la séance du 11 juillet : le sénateur Lafontant, venu de Jarmel après cette séance, adhéra aussi à la résolution de ses collègues.
  2. Le sénateur Gayot reçut d’amers reproches des patriotes exaltés pour l’idée exprimée dans sa phrase soulignée ; il en fut inconsolable, et c’était avec raison.