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dépendance, depuis 1821, il voyait en lui un chef très-désireux de parvenir à fixer définitivement le sort de son pays, à l’extérieur, après de glorieux succès à l’intérieur.

Cet officier savait, en outre, que des commissaires, des négociateurs peuvent souvent penser d’une manière sur une convention à conclure, même étant en cela d’accord avec le gouvernement qui les institue ; mais que le chef de ce gouvernement qui encourt toute la responsabilité envers son pays, peut être amené à modifier ses propres idées. L’empressement même que mit Boyer à lui accorder une audience, l’heure à laquelle elle fut fixée, devaient le fortifier dans l’espoir qu’il parviendrait à lever les difficultés soulevées par les commissaires haïtiens.

Mais déjà, la plupart des citoyens éclairés de la capitale savaient le résultat de leurs conférences avec l’envoyé français, et que la commission avait reçu l’approbation du Président, pour avoir repoussé l’ordonnance royale. Personne n’en connaissait la teneur, malgré ce que les commissaires avaient pu dire à ce sujet à leurs amis ; mais chacun s’attendait à une rupture complète de toute négociation.

Cependant, M. de Mackau se rendit au palais où le Président le reçut, seul et en particulier. Il est facile de concevoir qu’il était impossible que, admis de cette manière, il se bornât à faire des complimens et à prendre congé ; mais il paraît certain que ce fut le Président qui entama le premier l’entretien sur l’objet de sa mission. Possédant la copie de l’ordonnance, d’accord sur toutes les objections que les commissaires y avaient faites, et pouvant lui-même les développer avec plus de talent par la facilité de son élocution, Boyer s’exprima avec une grande netteté dans les idées ; et s’animant successivement, il parla avec une chaleur de sentimens qui le rendit éloquent : ce qui étonna M. de