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Siége, nommé par Pie VII pour exercer l’administration spirituelle dans la République, — bien entendu, dans l’ancienne partie française, puisqu’il y avait alors à Santo-Domingo, un archevêque qui avait la juridiction sur tout le territoire voisin.

Avant de parler de ce qui suivit la lettre de notification de l’arrivée de l’évêque, il est convenable de dire ici quels étaient ses antécédens.

M. de Glory était curé d’une petite paroisse à la Guadeloupe, lorsqu’on y apprit le retour inattendu de Napoléon en France, en 1815[1]. Cet événement avait occasionné dans l’île autant d’enthousiasme que dans la métropole : le curé fut peut-être le seul qui ne le partagea point. Invité par le gouverneur, comme tous ses confrères, à chanter un Te Deum en actions de grâces, il s’y refusa obstinément, par attachement pour les Bourbons. La lutte avait été vive entre lui et le gouverneur, et celui-ci le déporta en France. M. de Glory y arriva pour saluer à son aise le nouveau retour de Louis XVIII « sur le trône de ses pères. » On conçoit alors que son pressentiment, sinon sa prescience des événemens, son dévouement, son refus obstiné de célébrer à la louange de l’usurpateur, sa déportation, tout lui donnait des droits à la haute considération de l’antique famille et du Roi de France. C’était par suite de tout cela que Louis XVIII avait obtenu du Saint-Père de le nommer évêque de Macri, ville de la Turquie d’Asie, dans l’Anatolie. Il était donc ce que l’on appelle un évêque in partibus infidelium ; et comme il ne pouvait occuper un tel siége, et que les Haïtiens étaient toujours des infidèles, par rapport

  1. On a dit qu’antérieurement, M. de Glory était colon-propriétaire à la Guadeloupe, et qu’ayant perdu sa femme, il s’était voué au sacerdoce. Il est certain qu’il avait un fils qui parut au Port-au-Prince, en 1822.