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tres, de voir ces rejetons de l’Afrique, si avilis aux États-Unis où ils végètent sans utilité pour eux-mêmes comme pour le sol qui les nourrit, une fois transplantés en Haïti, devenir des êtres non moins utiles qu’estimables, parce que la jouissance des droits civils et politiques, les ennoblissant à leurs propres yeux, ne peut manquer de les porter à s’attacher à des mœurs régulières, à acquérir des vertus sociales, et à se rendre dignes, par leur bonne conduite, de tous les bienfaits que répandra sur eux leur nouvelle patrie. Mais les émigrans ne recueilleront pas seuls le fruit de vos soins : les États-Unis eux-mêmes verront s’agrandir leur commerce avec Haïti, par les relations fréquentes que ces nouveaux Haïtiens devront naturellement entretenir avec le pays qu’ils auront quitté… »

Le citoyen Granville reçut du Président des instructions détaillées pour la mission dont il était chargé. En arrivant à New-York, il devait s’aboucher avec MM. Dewey et Collins et leur communiquer ses instructions, afin de trouver en eux et leurs amis toute l’assistance convenable, après quoi il donnerait la plus grande publicité à l’objet de sa mission, pour déterminer les émigrans à se rendre à Haïti, en profitant du concours que leur offrait le gouvernement et leur feisant connaître les avantages qui leur étaient offerts : « 1o qu’ils jouiraient, en Haïti, de tous les droits civils et politiques ; 2o qu’ils auraient une entière liberté de conscience dans leurs pratiques religieuses ; qu’ils pourraient obtenir des concessions de terres en pleine propriété, lorsqu’ils auraient établi les dites terres : le tout, pourvu qu’ils s’engagent à être fidèles aux lois de la République, dont ils deviendraient les enfans et les citoyens, et qu’ils n’entreprennent jamais rien de contraire à sa tranquillité et à sa prospérité. »