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de la constitution républicaine qui assurait les droits civiques à tout descendant de la race africaine[1]. Indigné des injustices des Américains envers nos semblables, il fit un appel aux Haïtiens et particulièrement au secrétaire général Inginac et à tous les citoyens notables de la capitale, dans le but d’y former une société dont la mission serait de faire émigrer à Haïti les noirs et mulâtres libres qu’on voulait transporter sur les côtes insalubres et sauvages de l’Afrique.

Sa proposition ne pouvait être que bien accueillie, car elle était fondée sur diverses considérations aussi importantes pour Haïti que pour la population qu’elle eût attirée dans son sein. En conséquence, une réunion de citoyens, présidée par le général Inginac, signa, le 11 juin 1820, un règlement en 22 articles qui constitua une société sous le titre de : « Société philanthropique de la République d’Haïti ; » tout Haïtien pouvait en être membre. Elle forma un conseil principal d’administration, au Port-au-Prince, et chaque port ouvert de la République devait avoir aussi un conseil particulier. La cotisation des membres de la société devait former une caisse dont les fonds serviraient aux dépenses générales, pour faciliter l’immigration en Haïti des hommes dont s’agit, principalement ceux qui étaient ou agriculteurs ou artisans. La société eût envoyé des agents à cet effet aux États-Unis, pour prendre avec eux « des engagemens par écrit, » tant dans leur intérêt que dans celui des membres de la société qui voudraient les employer, en payant leur passage et celui de leurs familles, en fournissant à leurs besoins dans les premiers temps de leur arrivée et jusqu’à ce qu’ils pussent y subvenir par leur

  1. Les deux frères de M. Simonisse vinrent, comme lui, à Haïti : l’aîné n’y passa que fort peu de temps, le plus jeune se fixa à Jacmel.