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Rouanez, et ce navire atteignit le Hâvre le 14 juin, après quarante-quatre jours de traversée. Ces deux citoyens, qualifiés simplement par le Président d’Haïti de chargés de mission près de « Sa Majesté Très-Chrétienne[1], » furent immédiatement conduits à Saint-Germain par le capitaine de port du Hâvre ; ils y trouvèrent M. Laujon, nommé pour leur tenir compagnie.

Le 20 juin, M. le marquis de Clermont-Tonnerre, ministre de la marine et des colonies, leur écrivit « de se rendre à Strasbourg, où ils trouveraient M. Esmangart, autorisé à recevoir leurs propositions.  » Arrivés là, ils firent observer à ce préfet, qu’étant si éloignés de Paris, la négociation dont ils étaient chargés serait exposée à des lenteurs inévitables.

Ces observations furent accueillies ; mais le lieu des conférences fut fixé à Meaux avant de l’être à Paris même, où M. Esmangart et les envoyés haïtiens se rendirent enfin.

La lettre de créance ou les pleins-pouvoirs émanés du Président, le 28 avril, et remis aux citoyens Larose et Rouanez, disaient « qu’il avait jugé à propos de faire des ouvertures officielles au Roi Très-Chrétien, à l’effet d’obtenir de Sa Majesté la reconnaissance, en forme authentique, de l’indépendance du peuple haïtien, et de parvenir ensuite à la conclusion d’un traité de comnmerce entre la France et Haïti. »

Ils devaient se conformer aux instructions qui leur furent remises en même temps, et le Président d’Haïti promettait solennellement de ratifier et confirmer, d’exécuter

  1. Boyer a presque toujours évité de qualifier d’un titre quelconque les agents qu’il envoyait en France ; aussi MM. Larose et Rouanez y farent-ils traités, tantôt de Commissaires, tantôt d’Envoyés.