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raient se rendre dans la République, à leur accorder le libre exercice de leur ministère et aussi à pourvoir aux moyens nécessaires à leur subsistance[1].

Il est à remarquer tout d’abord, qu’à la première occasion qui s’était présentée où le gouvernement d’Haïti dut s’adresser à la cour de Rome, encore par l’intermédiaire d’un vicaire apostolique résidant à Londres, le gouvernement papal n’avait pas hésité à satisfaire à ses désirs et à reconnaître son existence politique, par les termes de la dépêche du pro-préfet de la Propagande, laquelle portait la suscription : « À Son Excellence Monsieur Boyer, Président de la République d’Haïti. » La cour de Rome fut donc le premier gouvernement, la première des puissances européennes, qui, par ce fait, prit l’initiative à cet égard, tandis qu’à la même époque, presque à la même date, comme on le saura bientôt, le gouvernement français refusait encore d’admettre l’indépendance et la souveraineté d’Haïti, comme un droit et un fait notoire. Nous faisons cette remarque, à l’honneur de la religion catholique dont le pape Léon XII était alors le souverain pasteur[2]. Par l’accueil qu’il fit à la démarche du Président de la République, il leva toutes les difficultés que mettait l’archevêque de Santo-Domingo, à étendre complètement sa juridiction spirituelle sur le territoire d’Haïti. Sans doute, le cardinal Somaglio avait quelque raison de dire au Président, que ce prélat, d’ailleurs âgé, ne pouvait suffire, seul, aux soins religieux des âmes dans toute la République. L’archevêché

  1. La dépêche du cardinal J. de Somaglio fut publiée dans le Télégraphe du 17 octobre, et imprimée en brochure, à Santo-Domingo, dans les deux langues française et espagnole, pour être distribuée aux fidèles.
  2. Le Saint-Père Léon XII agit mieux que n’avait fait Pie VII ; mais après lui, Grégoire XVI suivit les erremens de ce dernier et parut sous l’influence du gouvernement français, par rapport à Haïti.