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la Colombie pour lui proposer « une alliance purement défensive » avec celui de la République d’Haïti.

Il fonda cette proposition sur ce que la République croyait son indépendance menacée par la France.

Au fait, il ne s’abusait point sur le résultat probable de cette démarche, d’après le précédent de 1821 ; et, dans cette pensée, son envoyé fut chargé, en cas de refus, de réclamer le montant intégral de la valeur de toutes les armes et munitions, de tous autres objets de guerre que la République avait fournis à Bolivar en 1816, pour lui donner les moyens de reconquérir sa patrie sur les Espagnols. À cet effet, il expédia le citoyen F. Desrivières Chanlatte, directeur de l’imprimerie nationale du Port-au-Prince, muni de ses pleins-pouvoirs, pour se rendre à Santa-Fé de Bogota, alors capitale de la Colombie, où siégeait le gouvernement. À cette époque, Bolivar se trouvait au Pérou, et le général Santander, Vice-Président, dirigeait cette République.

Il accueillit l’envoyé haïtien avec beaucoup d’égards, mais il déclina la proposition de l’alliance, par la raison, disait-il, que les traités faits avec d’autres États s’y opposaient. Alors, Chanlatte lui présenta la réclamation dont il était chargé. Santander n’y fit aucune difficulté ; mais, comme le trésor colombien ne pouvait disposer de la somme à payer, et que l’envoyé d’Haïti en eût même été fort embarrassé, le ministre des finances lui remit des traites sur un banquier de Londres, au payement desquelles le plénipotentiaire de la Colombie, en Angleterre, devait d’ailleurs concourir. Elles furent acquittées, en effet ; et cette somme fut employée à payer des armes, des munitions, des objets d’équipement et d’habillement dont