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Prince[1]. Quant au droit, il n’en fut plus question. La cause de cet avortement hâtif fut dans la mort trop prématurée, malheureusement, de Delille Laprée, directeur du Lycée national ; cette direction fut donnée au docteur F. Pescay, qui ne pouvait être remplacé dans celle de l’Académie[2].

Après une circulaire du Président d’Haïti aux commandans d’arrondissement, du 8 mars, pour la répression de la contrebande dans les ports et sur les côtes de la République, tant dans l’intérêt du fisc que dans celui du commerce national, le 20 du même mois il fit paraître une proclamation qui interdit toutes relations, toutes communications entre Haïti et les îles de l’archipel des Antilles, au vent et sous le vent, et toute expédition de navires haïtiens dans les autres pays étrangers. Les motifs de ces défenses étaient fondés sur les sentimens malveillans pour les Haïtiens, manifestés journellement dans ces îles dont les caboteurs tentaient toujours néanmoins d’introduire en contrebande, sur les côtes d’Haïti, leurs produits similaires, tels que sucre, tafia et rhum, et les marchandises manufacturées en Europe, tout en proscrivant le pavillon de la République dans leurs ports. Et quant aux relations avec les autres pays étrangers, — sur ce que le gouvernement avait été avisé de quelques insultes faites à ce pavillon dans les hautes mers. En conséquence de ces défenses, à partir du 1er mai suivant, tous bâtimens étrangers ou nationaux qui y contreviendraient, seraient confisqués avec leurs chargemens,

  1. Le docteur Jobet devint professeur à l’école de médecine, où il fut remplacé plus tard par le docteur Cévest, arrivé au Port-au-Prince, en 1823 ou 1824. Cette école ne fut jamais installée comme elle aurait pu et dû l’être : néanmoins, de jeunes praticiens en sont sortis avec avantage pour le pays et à leur honneur personnel.
  2. D. Laprée mourut vers octobre 1823. Ce fut une perte pour le lycée qu’il dirigeait depuis sept ans, avec un talent remarquable dans l’enseignement et un dévouement sans bornes pour le pays et pour la jeunesse qu’il instruisait.