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Enfin, M. Esmangart ne se trouvant pas autorisé à conclure un traité, tel que le proposait le général Boyé, celui-ci rédigea ses propositions, que le négociateur français apporta à Paris pour être soumises à son gouvernement. Il quitta Bruxelles le 22 août, et le 27, il écrivit au général Boyé qu’elles ne pouvaient être admises, qu’on s’en tiendrait aux offres précédemment faites par le Président[1].

Le 31, ce général lui répondit que si le Président avait parlé d’indemnité y il avait été, sans nul doute, mal compris ; qu’il n’avait pas entendu en proposer de directes (en argent), soit envers les anciens colons, soit envers le gouvernement français. Et Boyé ajouta qu’alors même que le Président en eût fait l’offre textuellement et officiellement, rien ne l’empêchait de modifier ses vues à cet égard, puisque depuis 1814 ce gouvernement avait gardé le silence sur cette offre, ce qui équivalait à un refus.

Enfin, il dit à M. Esmangart qu’il craignait que, dans l’état des choses, les relations entre Haïti et la France ne prissent un caractère d’aigreur, et qu’il retournait à Saint-Pétersbourg, où il recevrait volontiers toute nouvelle communication que le gouvernement français voudrait lui faire.

En partant d’Amsterdam, le 5 septembre, il écrivit au Président d’Haïti, et lui rendit compte de son infructueuse mission, en lui envoyant copie de tous les documens.

  1. Les objections faites par M. Esruangart au traité proposé par le général Boyé, reposaient sur ce que le gouvernement de la Restauration « ne voulait pas reconnaître l’indépendance d’Haïti, mais concéder celle de Saint-Domingue,  » Quant à l’indemnité, ou tenait d’autant plus à ce qu’elle fût stipulée en « espèces sonnantes, » que M. Esmangart lui-même croyait que le trésor de Christophe, recueilli par la République, était de 250,000,000 de francs. Le Président ayant renouvelé l’offre d’indemnité en 1821, on pensait que cette somme fabuleuse était toujours disponible. Voyez au chapitre ler de ce volume, ce que j’ai dit sur l’une et l’autre question.