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par la haine secrète qu’il entretient dans les cœurs, par l’irritation dissimulée des esprits, non-seulement de ceux qui en sont victimes, mais de ceux qui servent d’instrumens aux répugnances du pouvoir, même du public qui finit toujours par se rallier à ceux qui lui semblent opprimés. Et cependant quel chef posséda, autant que Boyer, l’art séduisant de gagner les cœurs, de désarmer les préventions, sinon de convaincre les esprits ? Quel chef trouva, plus que lui, un peuple disposé à l’obéissance et à seconder son autorité ? Son illustre prédécesseur avait parfaitement nivelé le terrain politique pour lui. Il y avait sans doute encore des prétentions individuelles, des ambitions présemptueuses ; mais il est impossible qu’il n’en soit pas ainsi dans toute société qui tend à se perfectionner, et un gouvernement éclairé ne doit pas s’en étonner son devoir consiste à les annuler par les moyens les plus doux, accompagnés toutefois de fermeté, s’il ne peut les attirer dans sa sphère d’activité.

Enfin, le 2 septembre même, la Chambre des communes signa une « adresse au peuple » pour l’informer des faits qui venaient de se passer. Cet acte dit que d’abord les représentans étaient animés du désir de contribuer au bien public. « Mais bientôt un caractère d’opposition chercha à se manifester, et à peine l’harmonie qui dott régner entre les pouvoirs, a été menacée, qu’un esprit méchant et révolutionnaire croit trouver le moment de développer ses projets. Oui, Félix Darfour, homme artificieux et traître à la société, a voulu jeter la discorde et exciter une guerre civile parmi les Haïtiens, en mettant sous les yeux de la Chambre, le 30 août dernier, un écrit reconnu bientôt séditieux, mensonger et calomnieux, attentateire à l’honneur et aux prérogatives du Pouvoir exécutif…