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rendre dans le département du Nord-Est. Cette ville reçut en garnison plusieurs régimens des troupes des autres départemens, qui fournirent des détachemens dans divers bourgs de son arrondissement. La division Bonnet, une brigade sous les ordres du général Frédéric et la garde du gouvernement marchaient avec le chef de l’Etat. Il fut accueilli à Cotuy, à la Véga et à Saint-Yague, avec les démonstrations du plus vif enthousiasme, par les autorités civiles et militaires et les populations de ces divers lieux. C’est à la Véga qu’il signa, le 12 mars, l’arrêté d’après lequel de nouveaux numéros furent donnés aux régimens d’infanterie : ainsi, le 3e devint le 1er ; le 4e, le 2e etc. Le licenciement des 1er et 2e régimens, ordonné au Cap-Haïtien l’année précédente, et l’existence de deux autres sous le même numéro 10, motivèrent cette mesure qui déplut à tous ces corps de troupes ; car chacun d’eux s’était fait une réputation militaire dans le cours des guerres du pays, et ils répugnaient à perdre leurs anciens numéros. On considéra généralement que Boyer méconnaissait en cela l’esprit qui anime les officiers et les soldats[1].

C’est en se rendant dans le Nord-Est qu’il apprit les élections des représentans du Port-au-Prince[2]. C’étaient les citoyens B.-A. Laborde, défenseur public et capitaine à l’état-major général ; J.-B. Béranger, défenseur public, et Pierre André, juge au tribunal de cassation, nommé à cette charge peu après la session législative de 1821, où il avait figuré comme membre de la première législature. Ces représen-

  1. Le président C. Hérard aîné rétablit les ancieus numéros, par un arrêté daté d’Azua, le 12 avril 1844. C’est une singularité remarquable, que la première mesure fut prise au moment où l’Est venait de se réunir à la République, et la seconde, au moment où cette partie venait de s’en séparer.
  2. Voyez les Mémoires d’Inginac, page 63.