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ceux de Seybo était en faveur de la cause royale d’Espagne. Il finit par lui demander des armes et des munitions ; et le 26 février, l’amiral envoya débarquer au bourg de Savana-la-Mar 100 fusils et 6,000 cartouches qui furent expédiés à Seybo.

Dès lors, la conduite de l’amiral Jacob prenait un caractère d’hostilité envers la République d’Haïti : il espérait sans doute que les habitans eux-mêmes faciliteraient le projet primitivement arrêté entre lui et le comte Donzelot : de rétablir le pavillon espagnol, au moins, sur la presqu’île de Samana.

Avisé du débarquement opéré à Savana-la-Mar, qui avait contraint sa faible garnison de replier dans l’intérieur, Boyer expédia de suite le diligent général Quayer Larivière à la tête du 27e régiment, avec ordre d’occuper le bourg en en chassant les Français, s’il les y trouvait. Il prit ensuite une autre résolution : ce fut d’enjoindre à tous les commandans d’arrondissement de la partie occidentale de l’île, de mettre un embargo sévère sur les navires français qui étaient dans les ports de commerce, et d’empêcher le départ du pays de tous Français qui voudraient le quitter pour d’autres pays étrangers. C’étaient des otages que le Président prenait alors, à raison des vues qu’il supposait naturellement à l’amiral Jacob et au gouverneur de la Martinique ; et il ne pouvait faire moins en cette circonstance. Cependant, il ordonna de respecter la personne et les propriétés des Français retenus ainsi.

Cette mesure produisit dans les départemens occidentaux une effervescence considérable, que les esprits exaltés augmentèrent par des clameurs inopportunes contre la France et son gouvernement. Il y en eut parmi eux qui disaient hautement, qu’il fallait renouveler les scènes désas-