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consacrer leur régénération civile et politique, le 17 février, Boyer procéda lui-même à la touchante et pieuse cérémonie de la plantation de l’arbre de la Liberté, sur la place de la cathédrale, au milieu de tôtutes les troupes qui n’avaient cessé de combattre pour assurer ce droit sacré et imprescriptible, en présence de la population de l’antique cité qui eut l’honneur de recueillir les restes de Colomb. Il prononça en cette occasion un discours éloquent et chaleureux, dans une improvisation qui ne put être retenue, faute de sténographes. Le vicaire général Jose Aybar avait béni le majestueux palmiste ; il chanta ensuite, dans la cathédrale, une grand’messe solennelle en actions de grâces, à laquelle assistèrent le chef de l’État, les officiers de tous grades et tous les fonctionnaires publics réunis aux citoyens des deux sexes. Par ordre du Président, les commandans militaires, dans toutes les autres communes, firent également planter des arbres de la Liberté et procéder à une semblable cérémonie.

Dès le 9 février, Boyer avait publié une proclamation adressée au peuple haïtien, qui devenait comme un manifeste pour les nations étrangères. Il y disait que le pavillon d’Haïti flottait sur tous ses points, en vertu de sa constitution et de la volonté de ses habitans liés à jamais par les mêmes intérêts ; que leur réunion commencée depuis trois ans, n’avait fait verser aucune larme. « Qui méconnaîtrait, dans cette heureuse révolution, la puissance de Dieu qui règle les destinées des peuples ?… Haïtiens ! en vain nos ennemis prétendraient alarmer les puissances étrangères sur la réunion de tout notre territoire les principes étabits par les articles 40 et 41 de notre constitution, qui nous donnent l’Océan pour limite, sont aussi genéralement connus que ceux consacrés par l’article 5 du même