Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soumission de cette ville et du territoire de l’Est, dont elle était la capitale. C’était renouveler ce qui s’était fait à l’égard de Toussaint Louverture.

S’adressant alors à tous ceux qui assistaient à cette cérémonie, Boyer leur exprima le regret de n’avoir pu comprendre toutes les parties du discours prononcé par Nunez, afin d’y répondre de point en point. Mais il déclara qu’en venant dans l’Est, il n’était mu par aucune ambition, et que ce n’était que pour remplir son devoir, aux termes de la constitution ; et il rappela qu’il avait déjà fait sa profession de foi à cet égard, dans sa dépêche du 11 janvier, traduite en espagnol, imprimée et publiée par les soins de Nunez. « Je reçois avec satisfaction, ajouta-t-il, les protestations que vous me faites de la soumission et de la fidélité que vous jurez à la République. Quant aux clefs de la ville qui me sont offertes, je ne les accepte point, parce que je ne suis pas venu ici en conquérant, que ce n’est pas la force des armes qui m’y a amené, mais bien la volonté des habitans qui m’ont librement appelé pour les garantir des droits et des avantages dont ils n’ont jamais joui. En conséquence, je déclare, comme chef de l’État, que je ferai tous mes efforts pour que ceux qui augmentent aujourd’hui la famille haïtienne ne soient jamais dans le cas d’éprouver aucun regret de la démarche qu’ils viennent de faire[1]. »

Ces paroles furent accueillies par les acclamations de tous les citoyens, particulièrement de ceux de Santo-Domingo qui y trouvaient une garantie, franchement et loyalement donnée, que leurs droits seraient respectés par le gonvernement de la République. On se rendit ensuite à la cathédrale,

  1. Relation du secrétaire général Inginac, publiée dans les journaux.