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viron 500 hommes, formaient une haie des deux côtés de la rue del Conde. Le carillon des cloches des nombreuses églises, la salve d’artillerie tirée de tous les forts de la place, le bruit des tambours, le son de la musique, les cris de : Viva el senor Présidente ! poussés par la population accourue sur les lieux : tout contribuait à faire de cette journée, l’une de celles dont Boyer devait se ressouvenir le plus. Successeur heureux du grand citoyen dont la bienfaisante politique avait jeté les bases de toutes les prospérités de la patrie, marchant sur ses traces, imitant sa modération intelligente, il recueillait ainsi, l’un après l’autre, les glorieux fruits de son gouvernement.

En voyant Nunez de Cacérès, Boyer descendit de cheval et lui donna une accolade, en signe de la satisfaction qu’il éprouvait de sa résignation à reconnaître l’autorité de la République, pour ne pas compromettre le sort de ceux de ses concitoyens qui avaient partagé ses premières idées ; car c’était leur tracer un exemple utile à leur bonheur personnel, que de les persuader de la nécessité de se rallier au vœu général. Cet acte, qui décelait les sentimens fraternels et patriotiques du chef qui se trouvait en ce moment à la tête d’une puissante armée, fut d’un heureux effet sur tous les assistans. Ensuite, le Président remonta à cheval et se rendit sur la place de la cathédrale où il inspecta les régimens de sa garde, à l’arsenal et sur d’autres points que le général Borgella avait fait occuper de suite, puis il se porta au palais des anciens gouverneurs pour l’Espagne ; là s’étaient rendus Nunez de Cacérès avec les magistrats de la ville et les citoyens les plus notables.

Le Président leur dit : « J’éprouve un vif plaisir à me trouver au milieu de vous ; mais ce plaisir serait bien plus vif si j’étais assuré, citoyens, que la réunion qui