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J’ai l’honneur, citoyens sénateurs, de vous saluer avec une considération bien distinguée.

Signé : Boyer.

Ce message résumait tous les principes politiques adoptés dans l’acte d’indépendance du 1er janvier 1804, pour constituer la Nationalité Haïtienne dans l’île entière, et reproduits dans les diverses constitutions publiées depuis cette époque : — unité de territoire, unité politique, liberté générale pour tous les Haïtiens, exclusion des hommes de la race blanche de la société.

La réponse du Sénat ne pouvait être douteuse en présence des actes publiés à Santo-Domingo. Ils érigeaient un État distinct de la République d’Haïti, maintenaient l’esclavage dans cet État et appelaient les étrangers au droit de cité et de propriété ; et tout en excluant ces derniers des emplois civils et politiques, ils leur ouvraient les rangs de l’armée à former, comme pour les convier à venir s’emparer de l’Est afin d’assujétir sa population.

Le Sénat s’associa donc à la pensée du Président d’Haïti, et le laissa d’autant plus libre d’agir selon le vœu de la constitution et les circonstances, que ce corps n’ignorait pas le vœu réel de la majorité des populations de l’Est, transmis au Président.

Dès la réception de la nouvelle des événemens accomplis à Monte-Christ et à Laxavon, à la mi-novembre, Boyer se préparait à tirer parti de ceux qui allaient infailliblement survenir dans les autres lieux : en conséquence, il avait envoyé l’ordre aux divers commandans d’arrondissemens de tenir les troupes prêtes à entrer en campagne, selon qu’il le déciderait ultérieurement. Les dépêches qu’il reçut successivement des différentes villes, annonçant leur réunion spontanée à la République, le portèrent à mander deux ré-