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Français pour replacer la colonie sous son obéissance, malgré la cession qui en avait été faite par Charles IV. À propos de ce dernier fait, l’acte d’indépendance n’oublia pas de faire ressortir l’injustice et l’ingratitude du cabinet de Madrid, qui n’avait donné aucune récompense aux hommes qui y contribuèrent le plus ; et il désigna plus particulièrement don Manuel Carabajal, — le lieutenant de Juan Sanches, — et don Pedro Vasquez qui en mourut de chagrin. Comme de coutume en pareil cas, cet acte promettait pour l’avenir le sort le plus heureux aux habitans du nouvel État, qui renonçaient pour toujours à l’Espagne. Il se terminait par ces cris : Vive la Patrie ! Vive l’Indépendance ! Vive l’Union à la Colombie !

Par le second acte, en 39 articles, la partie espagnole d’Haïti se formait en un État libres indépendant et républicain, qui entrerait par un traité postérieur, en alliance avec la République de Colombie pour composer un des États de cette Union, afin de faire cause commune avec elle et de suivre en tous points les intérêts généraux de la Confédération. À cet effet, un député devait être envoyé auprès de Bolivar pour lui annoncer le changement politique survenu à Santo-Domingo, et lui manifester le désir des habitans de l’Est, avec pleins pouvoirs de traiter de leur accession, après avoir pris connaissance de la constitution générale de la République de Colombie. Un autre député serait envoyé immédiatement auprès de Boyer, pour lui proposer de faire un traité d’amitié, de commerce et d’alliance, pour la commune défense et la sécurité des deux territoires, en cas d’invasion étrangère ou de machination à l’intérieur contre leur liberté et leur indépendance[1].

  1. Art. 1er 4, 5 et 6 de l’acte constitutif. Le territoire de l’Est fut divise en cinq arrondissemens.