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ment trompés, qu’un esprit de défiance presque indestructible s’est établi parmi eux. » Et il conclut enfin par les propositions suivantes :

« Ces réflexions préliminaires posées, j’aurai l’honneur de proposer au Président d’Haïti, de reconnaître et de proclamer la souveraineté du monarque français, aussitôt qu’il aura jugé dans sa sagesse, le peuple de ce pays suffisamment préparé à ce grand et heureux événement. Pourquoi, à l’imitation des hommes sages et énergiques qui, dans l’interrègne qui a eu lieu en France, entre la chute de Buonaparte et la restauration des Bourbons, le Président d’Haïti, assisté de quelques uns des principaux chefs, ne se constitueraient-ils pas le Président et les membres du gouvernement provisoire d’Haïti, au nom de S. M. Louis XVIII ?[1] »

Il est à remarquer que dans toutes ses lettres à Pétion, comme dans celle adressée à Christophe, cet agent ne désigna pas autrement le pays que sous le nom d’Haïti, tandis que ses lettres de créance et ses instructions ne parlaient que de Saint-Domingue. Il s’adressa au Président d’Haïti, et par cela même, il reconnaissait la souveraineté du peuple haïtien, tout en lui proposant de proclamer celle du Roi de France.

Le président avait fait réunir toutes les troupes de l’Ouest au grand complet, pour passer une revue où il aurait présenté D. Lavaysse à cette armée, afin de le convaincre qu’Haïti pouvait se défendre ; mais la maladie

  1. Par les propositions consignées dans sa note, D. Lavaysse fît preuve de plus de bon sens que le ministre Malouet et sa bureaucratie. Après avoir eu un entretien avec Pétion, il comprenait d’ailleurs que la souveraineté de la France était la seule chose qu’il pût essayer de faire admettre, si toutefois il n’agit pas uniquement pour l’acquit de sa conscience.