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gages aux puissances les plus voisines d’Haïti par leurs possessions dans les Antilles, en envoyant une mission à la Jamaïque et une autre à Santo-Domingo, qui, toutes deux, furent accueillies avec égards et considération.

Cependant, dans la pensée que l’élection de Boyer pouvait occasionner des divisions dans la République, Christophe se porta à Saint-Marc avec son armée : de là, il envoya des députés auprès du Président d’Haïti, pour le sommer de se soumettre à son autorité royale. Au fait, cette absurde mission n’était que dans le but de s’assurer de l’état des choses. Mais ses députés ne virent que le plus chaleureux enthousiasme en faveur du chef de la République, et retournèrent auprès de leur Roi, qualifié de rebelle à sa constitution et à ses lois. Des désertions individuelles parmi les troupes de ce dernier l’avertirent qu’il courait le danger de perdre sa couronne, s’il tentait le moindre mouvement contre l’État, et il se retira dans le Nord.

Rassuré sur la situation inattaquable de la République, Boyer alla visiter successivement ses deux départemens, pour connaître les besoins de chaque localité. Accueilli sur tous les points avec un empressement marqué, il résolut de donner suite au projet qu’avait conçu son prédécesseur, pour éteindre complètement l’insurrection de la Grande-Anse. Une campagne exécutée par les troupes du Sud, guidées par d’habiles généraux, parvint effectivement, en peu de temps, à réduire les révoltés au néant ; et une nouvelle tournée du Président d’Haïti dans ce département le porta à annoncer cette pacification si longtemps désirée, en avertissant l’armée tout entière qu’elle aurait d’autres travaux guerriers à accomplir.