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qu’ils n’aspiraient qu’à rétablir l’Etat d’Haïti, avec un Président Généralissime des forces de terre et de mer, une Altesse Sérénissime, peut-être sous la réserve d’avoir ensuite une Majesté Royale ou Impériale. Que pouvait-on attendre d’ailleurs de plusieurs de ces hommes, vains et orgueilleux de leurs titres de noblesse héréditaire ou à brevet ? Se croire des êtres privilégiés, d’une nature supérieure à celle de leurs concitoyens, ayant cependant la même origine qu’eux : c’était le nec-plus-ultrà de leurs idées.

Et comment se peut-il que quatre généraux seulement, au milieu de plus de cent autres, signèrent cette lettre au Président d’Haïti, en se qualifiant « d’organes du peuple et de l’armée du Nord-Ouest ? » Etait-ce là le cachet d’une représentation populaire, propre à arrêter la marche de son armée ?

Toutefois, nous aimons le ton et le style de la réponse de Boyer, empreinte du sentiment de la fraternité haïtienne, de ménagemens pour l’amour-propre de ses compagnons d’armes, guidés par des vues personnelles ou erronées, et d’un esprit de conciliation qui le plaçait au niveau de Pétion ramenant au giron de la République, des frères égarés dans le Sud. Comme son illustre prédécesseur, il sentit en cette circonstance qu’il ne pouvait avoir d’autre langage que celui de la persuasion, pour honorer son propre caractère et honorer aussi le système républicain.

Mais déjà ce langage fraternel, transmis au Cap par les aides de camp du président et par les envoyés des

    la même année et dans les premiers momens de sa monarchie, il la supprima. Cependant, en 1818 et 1819, il y faisait écrire : liberté, indépendance ou la mort. Il eut toujours l’égalité en horreur.