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plupart des généraux s’enrichirent à la citadelle, où il y avait des sommes immenses[1].

Évidemment, l’intérêt public, le rétablissement de la liberté et de la dignité humaine, n’avaient pas été leur mobile : de là cet esprit personnel, cette avidité coupable.

Quel était donc le but de leur conspiration, avant l’insurrection de Saint-Marc ? Se proposaient-ils de continuer la Royauté dans le Nord et l’Artibonite, au profit de l’héritier du trône de Christophe ? Mais ils n’avaient pas tardé à l’immoler, ainsi que son frère. Voulurent-ils la continuer au profit de l’un d’eux qu’ils auraient élu, ou revenir tout simplement au gouvernement aristocratique qui la précéda, de 1807 à 1811, sous le nom d’Etat d’Haïti ? Les faits qui se sont passés alors ont prouvé seulement, que ces généraux ne voulaient pas se soumettre à la République d’Haïti ; car ils n’ont publié aucun acte, ils n’en eurent pas même le temps, et il n’est nullement probable, comme l’a prétendu l’ouvrage cité plus avant, qu’ils eussent l’intention d’établir « une République semblable à celle du Sud[2]. » Elle eût entraîné l’égalité entre tous les citoyens, et il paraît qu’ils voulaient conserver leurs titres de noblesse. Mais les événemens marchèrent contre leur gré ; ils furent contraints de s’y résigner[3].


Suspendons le récit de ces événemens, afin d’appré-

  1. On a dit que Richard fut celui qui en prit le plus, et qu’il enfouit sa fortune.
  2. Placide Justin prétend même que « le 15 octobre, le Nord et le Nord-Ouest se constituèrent en une République dont Paul Romain fut nommé Président. » Comme Romain était le plus ancien des généraux de cette partie, ils l’auront reconnu peut-être sous ce titre, mais sans établir pour cela une République.
  3. On rapporte, qu’en retournant au Cap après l’évacuation devant Saint-Marc, le général