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cure. Ce nouveau confrère lui témoigna beaucoup d’intérêt, à cause de sa position : ce qui lui acquit les sympathies des Gasparites. D’un autre côté, il s’attacha à visiter les Marionnettes, à manifester son respect et sa bienveillance à ces personnes pieuses, pour les persuader de cesser toute dissidence avec le Temple du Seigneur ; elles l’accueillirent, dans le besoin qu’elles avaient de trouver un prêtre qui leur inspirât de la confiance.

Le président Boyer se décida à le nommer curé de la capitale, en faisant donner une pension viagère à l’abbé Gaspard, qui y avait des droits par ses sentimens charitables et ses longs services dans cette cure. Au moyen de cette décision, la paix se rétablit dans la paroisse, les sobriquets cessèrent. Le curé Jérémie tint une conduite convenable sous tous les rapports, et qui empruntait quelque chose de la ferveur qu’on remarque parmi les Irlandais et qui est naturelle aux Trappistes.

Enfin, la religion reprit son doux empire sur les âmes pendant deux années consécutives, jusqu’à l’arrivée de M. de Glory, Évêque de Macry. Mais plus tard nous parlerons de sa querelle avec l’abbé Jérémie.


Le 17e anniversaire de l’indépendance nationale fut célébré au Port-au-Prince et dans toutes les communes de la République, peut-être avec plus d’enthousiasme que jamais ; car cette fête rappelle toujours au peuple haïtien qu’il a glorieusement rempli son devoir dans la cause la plus juste.

Cette fois, il s’y mêlait une espérance indéfinie et un pressentiment difficile à expliquer, mais qui présageaient de grands événemens dans cette année 1820. On voyait que la pacification de la Grande-Anse était opérée par