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n’a laissé que le modeste caveau où se trouve le cercueil qui renferme les restes du Fondateur de la République.

La disposition de la loi, relative à la pension nationale accordée à sa fille, ne fut pas non plus exécutée[1].

Un sentiment d’extrême délicatesse fut cause de l’inexécution de cette dernière. Mais à quoi attribuer l’inexécution de l’autre disposition ? Certes, ce n’est pas le cœur de Boyer qu’il faut accuser, mais son esprit d’économie poussant l’épargne à ses dernières limites[2].

Cet esprit parut dans plusieurs autres lois qu’il proposa. L’une d’elles établit la perception d’une gourde, comme droit d’entrée dans la République, pour chaque bœuf, vache, génisse et bouvart introduits par mer ou par terre. Le fait est, qu’on n’en importait point par la première voie ; mais que la loi avait pour but d’établir cette imposition sur les bestiaux venant de la partie de l’Est, qualifiée de Partie Espagnole. dans son 3e article.

Une nouvelle loi fut rendue sur le timbre, qui abrogea celle de 1817. Elle établit des amendes contre les contrevenans, lesquelles n’existaient pas dans l’autre, et régla mieux la comptabilité relative à cet impôt.

Par une autre sur le tribunal de cassation, quelques changemens furent introduits dans la procédure à y

  1. Le moment viendra, peut-être, où je dirai dans quelles circonstances je fus étonné de savoir cela ; que ce fut moi qui engageai et décidai le président Boyer à faire payer à la mère de Célie, la totalité de la somme qu’elle aurait dû recevoir annuellement, pendant plus de sept années, pour la pension de sa fille ; et que j’écrivis l’ordre qu’il signa à cet effet et qui fut exécuté par le Secrétaire d’État Pilié.
  2. Il faut convenir que l’érection du mausolée, tel qu’il fut conçu, aurait produit un mauvais effet sur la place Pétion, si mal tenue sous tous les rapports et entourée de maisons inégalement bâties ou en ruines. En y élevant ce monument national, il aurait fallu tout mettre en harmonie, faire beaucoup d’autres dépenses. Boyer y aura réfléchi, sans nul doute, et il aura renoncé à l’exécution de la loi. Il en a été de même pour la chapelle qui devait être bâtie sur l’emplacement où naquit Pétion et qui lui avait appartenu comme héritage de famille, dans laquelle on aurait déposé son cercueil et celui de Célie.