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présidens s’attachèrent à décerner des éloges à la mémoire de Pétion. Celui de la Chambre exprima, au nom de ses collègues, l’espoir qu’ils avaient que Boyer se plairait à suivre les traces de son illustre prédécesseur.

Le même jour, un avis du secrétaire général prévint le public que le gouvernement voulait faire achever la construction du lycée national, et procéder aux réparations urgentes du palais de la présidence ; qu’en conséquence, les offres des entrepreneurs seraient reçues afin de parvenir au marché le plus avantageux à l’État. Mais, de ces deux objets d’utilité publique, le palais fut le seul qu’on acheva.

Quelque temps avant sa mort, Pétion faisait tailler, dans la cour du palais, la charpente de l’édifice dont il avait tracé le plan pour servir au lycée national, parce qu’il se plaisait à diriger l’architecte chargé de ces travaux : cet édifice eût été vaste et approprié à un tel établissement. Toutes les offres produites pour son achèvement furent rejetées par Boyer qui trouva que ce serait trop dépenser ; et le lycée continua à être placé successivement dans des maisons dont la construction n’y convenait guère.

Cette épargne était d’autant plus mal-entendue, que la situation du trésor public ne tarda pas à s’améliorer. Et quelle dépense pouvait être plus utile, plus avantageuse au pays tout entier, que celle qui eût créé un local propre à recevoir de nombreux élèves, pensionnaires ou externes, venus de toutes les parties de la République, pour y recevoir une instruction supérieure et une éducation nationale sous les yeux du gouvernement ? C’était la pensée de Pétion, et le prospectus qu’il fit publier pour le lycée le prouve ; car il voyait tout l’avenir de la