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clamer, à exercer ; que si elle veut qu’on respecte les siens, elle doit également respecter ceux des autres hommes.

Enfin, terminons ce long parallèle en faisant ressortir le haut enseignement qui en découle.

Toussaint n’est parvenu au pouvoir qu’avec des antécédens blâmables : car, pour satisfaire son ambition toute personnelle, il a méconnu les principes de la morale, en suivant seulement les inspirations d’une politique fausse, étroite et machiavélique, qui le porta à immoler sans cesse des victimes à son égoïsme ; et par là, il devint cruel et odieux à ses concitoyens. La Providence l’a puni de toutes ses fautes, de tous ses torts, de toutes ses déviations à l’ordre immuable qu’elle a imposé à la raison de l’homme, en le faisant périr misérablement dans un cachot, après l’avoir fait assister à la chute de son autorité.

En arrivant au pouvoir, Pétion avait les antécédens les plus honorables. Ils lui ont conquis l’assentiment, le suffrage de ses concitoyens, et il a fourni sa carrière en respectant les droits de tous, même ceux de ses ennemis. Dans la noble ambition qui ranimait, il a gouverné son pays avec un désintéressement antique, une abnégation exemplaire, ramenant les esprits égarés, par sa patience, son indulgence, sa modération, la magnanimité de ses procédés, la douceur de ses actes : la bonté, l’humanité et la bienfaisance furent surtout les vertus qui caractérisèrent son intelligente administration. La Providence a béni ses travaux glorieux ; elle lui a fait jouir du triomphe de son œuvre politique ; elle l’a consolidée après sa mort, qu’elle a rendue digne de toute sa vie.

Un haut enseignement, une moralité intéressante,