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rée de Geffrard la fit évanouir. L’insurrection des Cayes fut occasionnée par des causes indépendantes de la participation de Pétion ; c’est un fait constant. Mais rien ne pouvait, ne devait s’opposer à ce qu’il se ralliât à cette insurrection, qui était celle d’un peuple irrité par toutes les vexations dont il fut la victime.

Ses motifs expliquent encore l’origine de la désunion qui survint entre H. Christophe et lui, après la mort de Dessalines. Il ne fallait pas qu’un si grand attentat, exécuté avec regret, tournât au profit de la continuation du pouvoir absolu que Christophe voulait avoir : de là la guerre civile entre eux, entre les principes qui guidaient respectivement l’un et l’autre.

En relevant le drapeau de Toussaint Louverture, avec le cortège de ses crimes, Christophe contraignit Pétion à relever aussi le drapeau de Rigaud avec les idées libérales dont il était l’emblème.

Mais, laissons ce fastueux imitateur de son ancien chef se complaire dans les délices de sa royauté éphémère, pour reprendre notre parallèle de Toussaint et de Pétion ; car voilà ce dernier parvenu à son tour au pouvoir gouvernemental.

Eh bien ! que ressort-il de l’œuvre constitutionnelle de Toussaint, proclamée en 1801 ? Celle qui fut conçue par les colons dès 1789 : nous l’avons prouvé, il y a consenti à tout ce qu’ils voulurent, même au rétablissement de la traite des noirs, pour repeupler leurs ateliers décimés par les guerres de la révolution ; et par là, il en a fourni le prétexte à la France même[1]. Le régime qui découla de cette constitution avait-il fait du peuple de Saint-

  1. « Quant à la continuation de la traite des nègres, cela ne put pas affecter les noirs de