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tion de la liberté et de l’égalité civile et politique de tous les hommes de la race noire habitant Haïti, de tous ceux qui voudraient s’y réfugier pour jouir de ces droits ; c’était le triomphe des idées et des principes proclamés en 1789 par la France elle-même.

À la rigueur, le parallèle que nous faisons de Toussaint et de Pétion pourrait s’arrêter là, et serait tout à l’avantage de Pétion ; mais alors il n’était encore qu’un officier en sous-ordre. Il nous faut poursuivre pour le montrer chef de gouvernement, agissant sous l’impulsion de ses idées politiques et de ses sentimens humains.

C’était avec le calme de l’homme d’État et la résolution du militaire, que Pétion avait fait ses avances à Dessalines, afin de le convaincre de l’opportunité de l’insurrection contre l’armée française. Et voyez ensuite comment il sut persuader tous ses camarades d’armes de l’ancien parti de Rigaud, de montrer envers celui qui était devenu le chef du parti de Toussaint, la même abnégation, le même désintéressement, le même dévouement que lui ! Ce fut à l’exemple qu’il traça de ces vertus civiques, que le pays dut la fusion, l’union de ces deux partis, qui pouvait seule produire son indépendance de la France.

Pétion ne fut-il pas après cet acte consommé, un lieutenant soumis à Dessalines, obéissant à son autorité ? Mais, lorsque, revêtu de la dignité impériale, ce chef conçut le fatal projet de se défaire violemment de lui et de Geffrard, et qu’ils en reçurent l’avis de H. Christophe, également menacé, qui pouvait refuser à ces trois généraux le droit de prévenir un tel dessein contre leurs jours, par le renversement de l’Empereur ? Ils en prirent la résolution, avec raison. Cependant, la mort prématu-