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bliez jamais que votre félicité présente et celle dont vous jouirez à l’avenir, sont son ouvrage, qu’il atout préparé pour le rendre éternel. Que vos enfans, dès le berceau, apprennent à bégayer son nom, et que le récit de ses actions soit leur catéchisme ; il leur inculquera le germe précieux de l’amour de la patrie, qui se développera en eux avec leurs organes.

Vous, Étrangers, présens à cette auguste et triste cérémonie, vous direz, en retournant dans vos patries, que vous avez vu la population des Cayes suffoquée par les larmes et anéantie par la douleur, en rendant le dernier devoir à ce grand homme. »


Près de huit lustres se sont écoulés depuis que ces paroles ont été prononcées dans le sanctuaire ; inspirées par une admiration qui ne s’est jamais démentie, elles excitent encore une douce émotion, parce qu’elles furent vraiment dignes du grand citoyen que la patrie venait de perdre. Aujourd’hui que la postérité a sanctionné les vifs regrets éprouvés de ce malheur ; que le sentiment populaire, universel, a consacré les éloges que mérita le héros-législateur, nous voudrions nous-même pouvoir résumer dignement la carrière illustre qu’il a parcourue pendant vingt-sept années consécutives. Mais, après avoir exposé successivement tous les traits, tous les actes de cette vie si noble qui l’a distingué entre tous les chefs de notre pays, nous craindrions d’omettre certains faits qui rendraient ce tableau plus intéressant. Cependant, il est un autre moyen d’en tirer encore des enseignemens utiles à notre patrie, et c’est à quoi nous nous arrêtons.

Dans les révolutions qu’elle a éprouvées depuis 1791,