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directeur de l’hôtel des monnaies, qui insultait ainsi à la pauvreté des défenseurs de l’État[1]. L’institution de la Chambre des représentans et la plupart des autres lois rendues dans la session de 1817, furent aussi l’objet de sa critique, comme ayant été inspirées au président par ceux qui l’entouraient, surtout Inginac, disait-il, qui se croyait un homme d’État.

Ceux qui ont pu entendre Boyer discourir d’une matière quelconque, savent que, presque toujours en veine, il mettait dans ses expressions tout le sel de son esprit facile. Toutefois, nous devons attester ici, qu’il ne nous parut animé d’aucune hostilité contre Pétion, mais contre les personnes auxquelles il attribuait une grande part dans ce qui était l’objet de sa critique. Ainsi, quand Inginac a dit que le général Boyer avait de fortes préventions contre lui y il eut raison. Mais qui sait si, sachant cela, il ne se sera pas plaint à Pétion de ces opinions de Boyer, en les considérant comme censurant les actes de son gouvernement, frondant son administration ? D’autres ont pu également lui rapporter les paroles de ce général en les envenimant, tandis que, quand il les prononçait, il n’avait sans doute que l’intention d’excuser le président, à propos des mesures qu’il n’agréait pas.

Cependant, nous devons dire aussi que nous n’approuvons point la critique que Boyer faisait des actes de son prédécesseur, même en les attribuant à l’influence des personnes qu’il désignait ; car il était trop haut placé près de Pétion, pour que ses paroles n’eussent pas du retentis-

  1. Piny éprouvait tant d’orgueil et d’ostentation dans sa charge, qu’il fit venir de France des vases de grande dimension en porcelaine, pour servir de pots à fleurs qu’il exposait sur une terrasse de son logement. Par l’a, il se lit accuser encore mieux de dilapidations dans l’hôtel des monnaies.