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bien : de sorte que l’acquéreur ne jouissait que du quart restant.

Telle fut l’économie de cet édit royal. Aussi, en 1820, à la réunion du Nord à la République, il n’y avait guère de propriétaires définitifs[1].


Au milieu des travaux législatifs de la Chambre, le 19 juin, un orage éclata sur le Port-au-Prince ; la foudre pénétra, à ce qu’il paraît, par la serrure de la porte d’une grande poudrière qui était située dans milieu enfoncé du Bel-Air, derrière et à peu de distance de l’église. Il s’y trouvait plus de cent milliers de poudre qui firent explosion, et toute la ville en fut ébranlée : les pierres de la poudrière, volant en éclats, tombèrent dans les rues, sur les toits d’une foule de maisons de la rue des Fronts-Forts principalement, et même jusque, dans la rade extérieure. Les militaires qui gardaient la poudrière périrent victimes de ce malheureux événement.

Neuf jours après, le 28 juin, une nouvelle explosion de vingt milliers de poudre cul lieu au fort Bizoton, par l’effet d’un orgueil excessif de la part de l’officier nommé Jean Marassa qui commandait ce fort. Il avait eu une querelle avec un autre officier, et le général Boyer, évoquant cette affaire par-devant son autorité, reconnut et prononça qu’il avait, tort. Pour se venger de cette

  1. Ce ne fut que le 14 juillet 1819 que Christophe publia un nouvel, édit par lequel il accorda aux colonels 20 carreaux de terre, aux autres, officiers inférieurs, à proportion d’après leurs grades, jusqu’aux soldats qui reçurent 1 seul carreau. Cet édit leur permettait de vendre ou de cultiver ces concessions gratuites.

    En comparant cette tardive libéralité royale aux dons nationaux délivrés par Pétion, dès le mois de décembre 1809, en faveur des invalides, en 1811 et 1814, en faveur des officiers de tous grades, etc., l’avantage reste au système de la République d’après lequel chaque soldat reçut 5 carreaux de terre.