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car, autrement, on ne comprendrait pas cette négligence des intérêts du cabotage haïtien, à moins de supposer que le président n’eût ordonné une tolérance momentanée à cet égard.

C’est à peu près en ce temps-là que Pétion lui-même jeta les fondemens ou Lycée national du Port-au-Prince. Dans ses vues de répandre les lumières parmi ses concitoyens, il voulait en faire un grand établissement d’instruction publique, en attendant que les ressources financières du pays lui eussent permis d’en organiser de semblables dans d’autres localités, et des écoles moins importantes dans certaines villes et les plus petits bourgs, comme l’avait prescrit l’art. 36 de la constitution. D’un autre côté, le pays étant privé d’hommes capables dans l’enseignement, il fallait concentrer à la capitale les spécialités qui s’offriraient sous ce rapport, pour les lettres et les sciences. Dans ces premiers momens, le président choisit une maison particulière, — l’Etat n’ayant pas un édifice convenable, — rapprochée du palais de la présidence et dans un lieu écarté du tumulte de la ville[1]. Mais il se disposa à faire construire l’édifice nécessaire au Lycée, et qui eût été vaste et approprié à un tel établissement.

Le Lycée naissant eut pour premier directeur, le citoyen Balette venu de France au commencement de 1816. À son arrivée, il avait tenu une école particulière au Port-au-Prince. Ce n’était pas une haute capacité dans l’enseignement ; mais ses cheveux blancs et sa conduite le rendaient respectable aux yeux des élèves et de leurs parens, et des professeurs lui furent adjoints. Le président

  1. La maison du respectable vieillard Brouard, située près des anciennes casernes.