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les commerçans nationaux et étrangers, enfin, les citoyens de toutes les classes et leurs familles y furent invités. Tous ces hôtes étaient réunis dans la soirée du 24 décembre : accueillis avec affabilité par le Président de la République, ils assistèrent à un banquet qui fut suivi d’un bal.

Mais pendant que cette société choisie se livrait aux plaisirs d’un tel divertissement, il se passait au Port-au-Prince un de ces faits qui inspirent toujours de l’horreur à tout cœur sensible et honnête. Nous voulons parler du déplorable assassinat du général Delva dans la prison de cette ville.

Condamné depuis 1811 à cinq années de détention, il habitait l’une des chambres de cette prison, dans la partie appelée le civil. Mais, le 24 décembre, à peine la nuit fut close, le geôlier, d’après l’ordre qu’il aura sans doute reçu à ce sujet, fit passer le général Delva aux cachots, où il lui fut mis des fers aux pieds. Comme de coutume, sa femme étant allée dans la prison, le geôlier ne lui permit pas de le voir. Elle s’en émut, en apprenant surtout qu’il était dans un cachot et aux fers. Son premier mouvement fut de se rendre immédiatement auprès de Pétion et de l’instruire de cet acte de rigueur. Elle franchit, à pied, la distance qui sépare la ville de Volant, afin de ne pas perdre une minute. Arrivée là, elle vit aussitôt le président qui manifesta un grand mécontentement de ce qu’elle lui apprit. Pétion écrivit lui-même un ordre au geôlier pour rétablir le général Delva, libre et sans fers, dans sa chambre habituelle.

Une quinzaine de jours auparavant, pareille rigueur avait eu lieu : le président se trouvait alors en ville. Sur la plainte de cette femme, il avait envoyé avec