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il invita les capitaines de ces navires à faire publier sur les journaux de France, qu’ils auraient, eux et leurs familles, un passage gratuit à leur bord, le gouvernement de la République devant rembourser les frais occasionnés par leur transport en Haïti. C’est ainsi qu’on y vit revenir successivement presque tous les mulâtres et les noirs qui étaient en Europe. En cela, Pétion marchait sur les traces de Dessalines, d’après son décret du 14 janvier 1804.

À la même époque, il fit acheter aux États-Unis une frégate pour augmenter la force de notre marine militaire par rapport à celle de Christophe. Le général Bonnet, qui s’y était réfugié depuis 1812, passa sur ce navire et arriva au Port-au-Prince, le 4 novembre. Peu de mois auparavant, il s’était fait précéder par son épouse, sans doute afin de s’assurer si Pétion ne serait pas opposé à son retour dans leur commune patrie. Mais le président ne pouvait lui en refuser l’entrée, lorsqu’il rappelait les autres Haïtiens qui étaient en France : il accueillit Bonnet avec les égards dus à ses grandes qualités. Cependant Pétion ne lui donna aucun emploi : ce qui le porta à s’établir au Port-au-Prince comme négociant consignataire. Il est probable que le président agit ainsi, parce qu’il se crut obligé de garder des ménagemens envers les autres militaires qui s’étaient soumis à son autorité dans le Sud ; mais Bonnet ne fut pas moins considéré comme général, qualité qu’il ne pouvait pas perdre. Il fut accueilli également par ses anciens amis qui le félicitèrent d’être revenu dans la République, et chacun comprit que cet illustre citoyen, qui avait tant contribué à la fonder, reprendrait son rang tôt ou tard.


Il y avait environ trois ans qu’on édifiait la maison du