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étaient d’anciens sénateurs dont les fonctions avaient cessé en 1809.

En même temps, si ce ne fut peu auparavant, la nécessité d’une révision de la constitution étant déjà reconnue par les esprits les plus éclairés, porta Pétion à charger quelques citoyens de faire un travail préparatoire à ce sujet. C’étaient Sabourin, Inginac, Daumec, Pierre André, Toulmé, Dugué, Raphaël et Linard. Plusieurs autres personnes, de différentes parties de la République, avaient d’abord fourni leurs opinions, sur la demande du président. Ce travail devait ainsi faciliter l’œuvre de l’assemblée de révision qui serait convoquée à cet effet, en contenant d’avance les vues politiques de Pétion sur la constitution et l’organisation définitive de la République d’Haïti. Certes, il avait acquis le droit d’y influer par la manière dont il la gouvernait, par l’ascendant qu’il exerçait sur son pays, par la part très-grande qu’il avait eue dans la rédaction de la constitution de 1806, et parce qu’enfin, il était le véritable fondateur de nos institutions républicaines.

Si Pétion songeait à les consolider par des dispositions plus en harmonie avec l’état social du pays, en fortifiant le pouvoir du gouvernement, il ne négligea pas non plus de prendre une mesure pour accroître la force de la nation. Dès qu’il eut admis les navires français dans les ports de la République, sa pensée se reporta sur les indigènes d’Haïti qui se trouvaient en France, soit volontairement, soit qu’ils y eussent été déportés violemment dans les temps antérieurs ; et il étendit sa sollicitude sur tous les autres hommes de la race noire, natifs des colonies françaises, qui étaient dans le même cas. Afin de les engager tous à se rendre parmi leurs frères,