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choses à l’intérieur : la question extérieure le préoccupait incessamment. Le refus fait à Garbage, par le gouvernement britannique, de se mêler de nos arrangemens avec la France, lui disait assez qu’il fallait se préparer à soutenir la guerre, si elle venait de ce côté-là. Aussi, pendant toute cette année, Pétion ne cessait de faire venir de l’Angleterre et des États-Unis, des armes, de la poudre, du plomb, etc. Ce fut la cause de la différence qui existe dans les dépenses, entre celles de cette année et celles des deux années précédentes.

Tandis que 1813 et 1814 donnèrent chacune un excédant de recettes, l’année 1815 présenta un déficit considérable[1]. La recette générale s’éleva à 1,136,624 gourdes, et la dépense générale à 1,667,331 gourdes : d’où la différence de 530,707 gourdes, presque toute occasionnée par l’achat des armes et des munitions, des objets d’habillement et d’équipement.

Le 1er décembre, un arrêté du président rendit les chefs de corps responsables envers l’État, comme exerçant la police et la surveillance sur leurs subordonnés, de toute perte des objets d’armement et d’équipement. Les soldats étaient punis de trois années d’emprisonnement aux fers ; les officiers inférieurs ou supérieurs, du remboursement de la valeur des objets perdus, engagés ou vendus par eux. Il fallait cette sévérité légale dans ces momens, et d’autant plus que, d’après le système qui avait été adopté à l’égard de l’armée, chaque militaire devait se considérer comme citoyen et s’intéresser à la conservation des objets que l’Etat achetait.

  1. En 1813, il y eut 605,331 gourdes de recettes, et 357,308 gourdes de dépenses : d’où une balance favorable au trésor, de 248,023 gourdes.

    En 1814, — 1,005,922 gourdes de recettes, et 835,172 gourdes de dépenses : balance en faveur du trésor, — 150,750 gourdes.